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Le problème de l’adhésion des médecins aux études n’est pas un problème spécifique aux fabricants de dispositifs médicaux, c’est un problème qui est connu dans toute la recherche industrielle. Voici des statistiques qui le prouvent :
Source : Desai - Recruitment and retention of participants in clinical studies: Critical issues and challenges. Persp. Clin. Research 2020
D’un point de vue financier, c'est une perte pour les 55% des essais qui ne vont pas au bout, mais c’est également un problème pour les 80% des études qui n’arrivent pas à atteindre leur objectif de recrutement, puisque ça va diminuer la puissance statistique des résultats.
Si on n’arrive pas à recruter le nombre de patients qui est défini dans le protocole et qui est dans le calcul du nombre de sujets nécessaires défini dans l’étude, les résultats pourront ne pas être convaincants et pourront ne pas permettre de confirmer ou d’infirmer l’hypothèse de la recherche.
Source : Benson et al. - Oncologists' reluctance to accrue patients onto clinical trials: an Illinois Cancer Center study. J Clin Oncol 1991
Quand on s’intéresse à la cause de ce recrutement, on voit que la première raison pour laquelle les patients ne sont pas inclus dans un protocole de recherche est due à une décision du médecin de ne pas les inclure.
On en déduit que la clef de voûte de ce sujet c’est l’adhésion du médecin lui-même au protocole de recherche et sa participation active à la recherche. S'il n’est lui-même pas convaincu de l’objectif de la recherche, il ne sera pas motivé pour inclure des patients et collecter des données.
Nous sommes convaincus qu’il est primordial de mettre le médecin au centre de la recherche.
Essayons de comprendre la psychologie du médecin qui va faire de la recherche clinique et de comprendre quels sont ses facteurs de motivation.
La publication scientifique pour les médecins et, pour les scientifiques en général, est extrêmement importante. Comme en témoigne le proverbe “publish or perish”, très connu dans le milieu académique : si vous ne publiez pas des articles médicaux en tant que médecin, si vous ne participez pas à des congrès scientifiques, vous n’existez pas, vos pairs ne vous connaissent pas et vous n’avez pas la reconnaissance académique.
Il faut savoir que cette tendance est aujourd’hui en train de se diffuser très largement dans le privé et par exemple dans le secteur de la chirurgie orthopédique: la grande majorité des études qui sont publiées le sont par des acteurs libéraux. D’ailleurs les sociétés savantes sont aujourd’hui dominées par des chirurgiens libéraux.
Donc ce n’est pas un problème académique, c’est un problème que se posent tous les médecins spécialistes, qu’ils soient dans le public ou dans le privé.
On vient d’expliquer qu’il était important de publier pour avoir de la reconnaissance scientifique, il y a plusieurs études qui l’ont montrées.
Une des choses les plus importantes pour les médecins c’est la réputation, aussi bien leur réputation personnelle que la réputation des institutions dans laquelle ils travaillent.
Ce qui est intéressant, c’est que la plupart des médecins qui participent à ces études ne le font pas pour l’argent mais pour cette reconnaissance professionnelle de leurs pairs, du monde dans lequel ils évoluent. C’est important d’avoir bien en tête cette notion de reconnaissance scientifique.
“In contrast to clinicians, researchers tend to look for status within their specialized professional community and are often willing to defer financial rewards.”
Source : Ross et al. - Barriers to Participation in Randomised Controlled Trials: A Systematic Review. J Clin Epidemiology 1999
Taylor - Physician participation in a randomized clinical trial for ocular melanoma. Ann Ophtalmology 1992
Source : Messner et al. - Understanding practice-based research participation: The differing motivations of engaged vs. non-engaged clinicians in pragmatic clinical trials - Contemporary Clinical Trials Communications 2016
La reconnaissance scientifique est une chose mais l’intérêt scientifique en est une autre. Quand on demande aux médecins pourquoi ils participent à des études scientifiques, la première chose qu’ils vont mettre en avant
c’est la stimulation intellectuelle. C’est cette étude de Messner qui montre que 47% des médecins qui participent à des études le font d’abord pour la stimulation intellectuelle que cela procure. En effet, les médecins font souvent la même chose en pratique clinique, mais dès lors qu’ils vont faire de la recherche, ils vont sortir de leur zone de confort.
Le second point est d’améliorer
la prise en charge des patients. Lorsqu’on va publier les résultats, on va confirmer ou infirmer une hypothèse de recherche et donc on va améliorer la prise en charge sur ce résultat là.
Lorsque vous allez faire une étude scientifique, évidemment il n’y a pas que le résultat qui compte, ce qui compte c’est ce que vous allez faire avant cette étude, par exemple la revue de la littérature. Lorsque vous allez commencer une étude, vous allez faire une revue de la littérature extensive sur le sujet et vous allez en apprendre beaucoup plus.
La discussion avec les patients est importante également. Quand un médecin démarre une étude et qu’il va convoquer des patients en consultation de recherche, il va prendre beaucoup plus de temps avec eux pour discuter et essayer de comprendre beaucoup plus finement leur pathologie, quelle est le vécu d’une opération sur leur vie quotidienne et avoir une sensation qualitative plus fine qui va au delà du
résultat chiffré.
Ces trois éléments là (revue de la littérature, discussion avec les patients pendant les consultations de recherche clinique et publication des résultats) vont améliorer la prise en charge des patients. C’est à la 4ème place qu’arrive le bénéfice financier. En effet, seul un médecin sur 4 va mettre en avant cet argument pour dire qu’il est intéressé par la recherche scientifique.
D’autres études se sont intéressées à ce sujet comme cette étude de Kyoto :
Source : Sumi et al. A survey of attitudes toward clinical research among physicians at Kyoto University Hospital BMC Med Educ 2009
La première réponse est d’obtenir une meilleure connaissance de la pathologie.
La récompense financière est une motivation de second plan, confirmée par les 13% obtenus lors de cette étude.
Un autre chiffre intéressant, seuls 2% des médecins ont répondu qu’ils n’avaient aucun intérêt à faire la recherche clinique. Finalement, 98% des médecins ont trouvé au moins un intérêt à faire de la recherche clinique.
Lorsqu’on leur demande pourquoi ils ne font pas de la recherche clinique, les deux principaux arguments révélés par cette étude était :
Source : Sumi et al. A survey of attitudes toward clinical research among physicians at Kyoto University Hospital BMC Med Educ 2009
En fait, dans cette étude plus d’un médecin sur trois dit ne pas faire de recherche clinique parce qu’ils ne
maîtrisaient pas les statistiques et qu’ils avaient peur de faire des erreurs en statistique ou parce qu’ils ne savaient pas comment faire et par quel bout prendre le problème. C’est d’ailleurs pour ça que EasyMedStat a été créé, car cette solution permet aux médecins qui ne connaissaient pas les statistiques de
prendre en main eux-mêmes leurs données et de
faire eux-même leur analyse.
La deuxième raison implique des formalités trop lourdes pour un médecin sur quatre. Ces formalités sont de deux types, la première concerne les tâches administratives parce que le fait de faire une recherche nécessite de rédiger un protocole de recherche.
Le deuxième élément concerne l’utilisation et le remplissage du cahier des observations avec des
outils e-CRF qui n’ont pas été pensés pour les utilisateurs. Ce manque d’ergonomie génère des frustrations auprès des médecins qui ne veulent plus collecter les données.
En levant certains freins, en paliant notamment l’absence d’outil statistique ou en mettant à disposition un e-CRF ergonomique, vous permettrez aux médecins d’écrire des publications scientifiques sur vos produits et ainsi accroître leur notoriété.
EasyMedStat est un outil qui inclut un e-CRF et permet de faire des analyses statistiques sans besoin d’expertise. Conçu par le Docteur Mikael Chelli, chirurgien orthopédiste, il est aujourd’hui utilisé par des centaines d’industriels, de médecins et d’internes en médecine pour leurs études cliniques.